Sténose aortique congénitale

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La sténose aortique congénitale correspond à un rétrécissement de la valve aortique présent à la naissance. Son importance varie d’un cas à l’autre et détermine la fréquence du suivi et les options de traitement.

Qu’est-ce que c’est ?

La valve aortique agit comme la porte de sortie du cœur. Elle s’ouvre pour permettre au sang de quitter le ventricule gauche et d’entrer dans l’aorte, la grande artère chargée de distribuer le sang oxygéné à l’ensemble de l’organisme. Lorsque cette porte est trop étroite, le cœur doit fournir un effort accru pour propulser le sang vers l’avant.

Les 4 valves du cœur

Ouverture et fermeture de la valve aortique

Le fonctionnement du cœur suit un cycle composé de deux phases : une période de remplissage, durant laquelle le muscle cardiaque se relâche, et une phase de contraction, au cours de laquelle il expulse le sang.

Lorsque le ventricule gauche se contracte et que la pression à l’intérieur du cœur dépasse celle de l’aorte, la valve aortique s’ouvre, permettant l’éjection du sang vers cette artère.

Une fois ce travail accompli, le cœur se relâche et entre dans sa phase de repos. Le sang présent dans l’aorte tend alors naturellement à refluer vers le ventricule en raison de la chute de pression. Ce mouvement provoque la fermeture immédiate des feuillets de la valve aortique, empêchant tout retour du sang vers le cœur.

On peut se représenter ce mécanisme comme des parachutes inversés qui se déploient pour bloquer le passage arrière.

Les 4 valves du cœur

Le rétrécissement de la valve aortique

En présence d’une ouverture trop étroite, le cœur doit travailler davantage pour maintenir une circulation sanguine adéquate. À long terme, ce surcroît d’effort peut entraîner une fatigue du muscle cardiaque.

Le rétrécissement peut être léger, modéré ou sévère, selon la structure de la valve et la résistance qu’elle oppose au passage du sang.

Dans les formes congénitales, l’anomalie est présente dès la naissance et résulte d’un développement anormal de la valve durant la vie fœtale. Les manifestations peuvent apparaître très tôt ou, au contraire, rester silencieuses pendant de nombreuses années, selon l’importance du rétrécissement.

L’anomalie la plus fréquente

La malformation congénitale la plus courante de la valve aortique est la valve bicuspide, c’est-à-dire une valve formée de deux feuillets au lieu des trois habituels.
Elle touche environ 2 % de la population.

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Chez certaines personnes, la valve peut même ne comporter qu’un seul feuillet — on parle alors de valve unicuspide.

Une valve bicuspide ou unicuspide n’est pas forcément rétrécie à la naissance, mais elle a tendance à s’épaissir et se calcifier avec le temps, ce qui peut conduire progressivement à une sténose.

Autres localisations possibles du rétrécissement

Il arrive que l’obstruction ne soit pas située au niveau de la valve elle-même, mais dans la région juste en dessous ou au-dessus.

  • Sous la valve (sténose sous-aortique) :
    Certaines personnes naissent avec une excroissance ou un anneau de tissu juste sous la valve aortique. Cette formation peut gêner le passage du sang lorsque le cœur se contracte. Le degré d’obstruction varie alors de léger à sévère, selon la taille de l’anomalie.
  • Au-dessus de la valve (sténose supravalvulaire) :
    Cette forme est beaucoup plus rare et se rencontre souvent dans le cadre de syndromes génétiques particuliers.

Diagnostic anténatal

Lorsque la sténose aortique est sévère, elle peut parfois être détectée avant la naissance, lors de l’échographie fœtale de routine.

Certains signes peuvent éveiller les soupçons :

  • un ventricule gauche dilaté ou épaissi,
  • un mouvement limité des feuillets de la valve aortique,
  • ou une anomalie du flux sanguin dans la valve.

 

Dans ces cas, le médecin peut recommander une échocardiographie fœtale spécialisée, réalisée par une équipe expérimentée en cardiologie prénatale.

Pourquoi ce diagnostic est important

Un diagnostic établi avant la naissance permet de :

  • planifier l’accouchement dans un centre disposant d’une équipe en cardiologie pédiatrique;
  • préparer une intervention rapide, si la sténose est jugée critique dès la naissance;
  • informer et accompagner les parents, en expliquant le pronostic et les étapes de suivi à venir.

Particularités de la circulation chez le fœtus

Pendant la vie fœtale, les poumons ne sont pas encore utilisés pour la respiration. C’est le placenta qui assure tous les échanges vitaux : il apporte l’oxygène au sang du bébé et élimine le dioxyde de carbone.

À ce stade, seule une petite quantité de sang est dirigée vers les poumons pour permettre leur développement. La majeure partie du flux sanguin les contourne grâce à deux passages naturels :

  • Le foramen ovale, une ouverture située entre les deux oreillettes du cœur, permet au sang de passer directement de la droite vers la gauche, sans traverser les poumons.
  • Le canal artériel, un conduit reliant l’artère pulmonaire à l’aorte, offre une seconde voie de dérivation. Il permet à une autre partie du sang de rejoindre la circulation générale sans passer par les poumons.

Ces mécanismes sont essentiels avant la naissance et se ferment naturellement peu après, lorsque le nouveau-né commence à respirer par lui-même.

La naissance : Une période particulièrement importante

Dans le cas d’une sténose aortique sévère, la naissance est un moment critique, car le canal artériel, se ferme habituellement dans les premières heures de vie.

Une fois cette voie fermée, le sang doit obligatoirement passer par la voie normale — c’est-à-dire à travers la valve aortique et l’aorte ascendante.
Si un rétrécissement important est présent, le ventricule gauche doit fournir un effort considérable pour propulser le sang vers tout le corps, ce qui peut rapidement provoquer :

  • une détérioration de l’état du nouveau-né (pâleur, respiration rapide, faible tension),
  • une baisse de la perfusion sanguine au cerveau et dans tout le reste du corps,
  • un risque d’insuffisance cardiaque aiguë

C’est pourquoi, dans les cas graves détectés avant ou immédiatement après la naissance, on peut administrer un médicament (prostaglandine) pour maintenir le canal artériel ouvert temporairement, le temps de stabiliser l’enfant et de préparer une intervention.

Découverte après la naissance

Lorsque la sténose aortique congénitale n’a pas été identifiée avant la naissance, elle peut se manifester à d’autres moments de la vie.

Chez le nouveau-né, une forme sévère entraîne la présence d’un souffle au cœur et parfois des difficultés respiratoires, une mauvaise coloration de la peau, un faible appétit.

À lire : Souffle au cœur

Durant l’enfance ou l’adolescence, la découverte se fait souvent par hasard, lors d’un examen médical de routine où le médecin perçoit un souffle au cœur.

Chez l’adulte, le diagnostic est parfois posé plus tard, à la suite de l’apparition de symptômes à l’effort, lors de la découverte d’une arythmie ou encore au cours d’un examen médical réalisé pour une autre raison.

Évolution

L’évolution de la sténose aortique congénitale varie selon sa forme et sa sévérité. Les rétrécissements légers, qu’ils soient valvulaires, sous-valvulaires ou supra-valvulaires, peuvent rester stables pendant de nombreuses années, parfois toute la vie.

Lorsque le rétrécissement est modéré ou sévère, le ventricule gauche s’épaissit progressivement pour compenser l’effort supplémentaire, mais cette adaptation finit par atteindre ses limites. Dans certains cas, le rétrécissement s’accentue au fil de la croissance ou avec l’âge, surtout si la valve ou la paroi de l’aorte se calcifie.

Sans prise en charge appropriée, une sténose importante peut mener à une insuffisance cardiaque, à des troubles du rythme cardiaque ou, plus rarement, à une mort subite.

Suivi

La sténose aortique congénitale nécessite un suivi régulier tout au long de la vie.

La fréquence des consultations dépend de la sévérité du rétrécissement : certains patients passent une échocardiographie annuelle, tandis que d’autres peuvent être évalués tous les deux, trois ou cinq ans, selon la stabilité de leur condition.

Précautions

-Activité physique

Dans les formes légères, la plupart des activités physiques aérobiques (comme la marche, le vélo ou la natation) sont permises.
En revanche, lorsque la sténose est modérée ou sévère, les efforts intenses ou compétitifs sont souvent déconseillés.

Les exercices de musculation intensive doivent être évités peu importe la sévérité, en raison d’une fragilité possible de la paroi de l’aorte.
Ces efforts soutenus peuvent favoriser une dilatation prématurée de l’aorte.

-Prévention d’infection de la valve

La prévention de l’endocardite infectieuse repose avant tout sur une bonne hygiène bucco-dentaire, et la nécessité de visiter le dentiste sur une base annuelle.

Il n’est plus requis de prendre des antibiotiques en prévention lors des visites dentaires.

À lire : Prévention de l’endocardite bactérienne

-Projet de grossesse

Chez les femmes, il est essentiel de discuter de tout projet de grossesse avec le cardiologue.
Une sténose aortique sévère non corrigée constitue une contre-indication à la grossesse, en raison du risque élevé de complications pour la mère et l’enfant.

-Dépistage familial

Le dépistage familial par échocardiographie est recommandé uniquement en cas de valve bicuspide.
Il concerne les membres de la famille immédiate — c’est-à-dire les parents, frères et sœurs.

Aucun dépistage systématique n’est indiqué pour les formes sous- ou supra valvulaires de la sténose aortique.

Traitement

Les choix thérapeutiques dépendent à la fois de la localisation de la sténose et de son degré de sévérité.

A- Formes valvulaires

Dans les formes valvulaires légères ou modérées, un suivi attentif suffit souvent pendant plusieurs années.

Lorsque la sténose devient importante, une valvuloplastie au ballonnet peut être envisagée chez l’enfant ou l’adolescent.
Cette intervention consiste à écarter temporairement les feuillets de la valve à l’aide d’un petit ballon gonflé à l’intérieur. Elle améliore la circulation du sang, mais ses effets sont souvent temporaires.

Chez l’adulte, cette technique est inefficace, car la valve est généralement trop rigide et calcifiée.

 1-Remplacement de la valve

Chez l’adulte, un remplacement valvulaire devient souvent nécessaire. Plusieurs options existent :

  • Prothèse biologique, fabriquée à partir de tissus animaux
  • Prothèse mécanique,
  • Procédure de Ross, où la valve pulmonaire du patient remplace la valve aortique malade. La valve pulmonaire est ensuite remplacée par un greffon.
    Cette approche a l’avantage de fournir une valve vivante qui peut grandir avec l’enfant et de préserver une fonction naturelle sans anticoagulation permanente.
    En revanche, elle crée deux zones opérées, ce qui peut nécessiter une réintervention ultérieure, notamment pour remplacer le greffon pulmonaire.

 

 2-Autres approches

Le remplacement valvulaire percutané (TAVI), très utilisé chez les personnes âgées, est rarement indiqué dans les formes congénitales, car la morphologie de ces valves est souvent trop particulière pour ce type d’intervention.

B- Formes sous-valvulaires

Pour les sténoses sous-valvulaires, la chirurgie vise surtout à retirer la membrane fibreuse ou à remodeler la chambre de sortie du ventricule gauche afin de rétablir un flux sanguin normal.

C- Formes supra-valvulaires

Les sténoses supra-valvulaires, plus rares, nécessitent parfois une chirurgie pour élargir la portion initiale de l’aorte.

Calcul des risques et bénéfices

Quel que soit le type de sténose, la décision de traiter repose sur un équilibre entre les bénéfices attendus, les risques de l’intervention et l’état global du patient. Un suivi avec un cardiologue est essentiel pour déterminer le moment le plus approprié pour agir.

En résumé

La sténose aortique congénitale peut toucher la valve, la zone juste avant ou juste après celle-ci. Si l’obstruction est sévère, elle peut parfois être détectée avant la naissance, permettant une prise en charge optimale dès les premiers instants de vie.

Un suivi régulier et adapté est essentiel pour préserver la fonction cardiaque et prévenir les complications.