Tachycardie supraventriculaire (TSV)

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La tachycardie supraventriculaire (TSV) est une arythmie cardiaque associée à une fréquence rapide et très régulière, pouvant atteindre 180 à 220 battements par minute, et qui ne provient pas du chef d’orchestre cardiaque, le nœud sinusal.

Son point de départ est situé au-dessus des ventricules

Cette arythmie provient des régions au-dessus des ventricules, d’où son nom : supraventriculaire.

Bref retour sur l’anatomie du cœur

Le cœur est composé de quatre cavités cardiaques communément appelées chambres.

La partie supérieure est composée des oreillettes droite et gauche (OD-OG), tandis que les ventricules droit et gauche (VD-VG) composent la partie inférieure du cœur.

Cet organe est le moteur de la vie, et ses quatre cavités agissent comme des réservoirs de sang. Lorsque le cœur se contracte, il pompe et propulse le sang partout dans l’organisme.

Pour fonctionner correctement, cette pompe a besoin d’une impulsion électrique afin de déterminer le nombre de battements par minute.

Le système électrique cardiaque

Le système électrique du cœur produit cette impulsion, et ses différentes composantes ont pour fonction de synchroniser la contraction du cœur de façon efficace, c’est-à-dire du bas vers le haut.

Comme le réseau électrique d’une maison

Le cœur possède un réseau électrique, tel qu’il en existe dans une maison. Il est construit de la façon suivante :

  1. Le courant arrive par le deuxième étage où se trouve le générateur électrique.
  2. Le courant passe ensuite au premier étage par un seul endroit; c’est là où est située la boîte de contrôle.
  3. À partir de cette boîte, le courant se dirige vers les pièces du bas par des fils spécialisés, de haute conduction.

Revoyons le tout du point de vue cardiaque

Le chef d’orchestre de ce système électrique est situé tout en haut du cœur, au niveau de l’oreillette droite. C’est un îlot de cellules appelé nœud sino-auriculaire, qui est en fait le pacemaker naturel du cœur. Il déclenche tous les battements du cœur et en détermine la fréquence.

Cette fréquence cardiaque, ou rythme cardiaque, est appelée rythme sinusal en raison de son point de départ, le nœud sino-auriculaire.

Une transmission électrique organisée

L’électricité générée par ce nœud est transmise aux oreillettes et aux ventricules par le seul passage possible, soit le douanier électrique, c’est-à-dire le nœud auriculo-ventriculaire. Ce douanier contrôle la vitesse du passage électrique.

À la suite de ce passage obligatoire, l’électricité se rend aux ventricules par un réseau de conduction rapide, le réseau de Purkinje.

Noeud auriculo ventriculaire

Fréquence cardiaque normale

On dit que la fréquence cardiaque normale se situe entre 60 et 100 battements par minute.

Elle varie dans la journée

Il est normal que la fréquence cardiaque varie au cours de la journée.

Le cœur bat plus lentement lorsqu’on est au repos, en partie à cause de l’effet de certains médicaments, et s’accélère lors d’une activité physique ou d’un stress, par exemple.

Il y a un court-circuit dans le réseau électrique

Le problème sous-jacent à la tachycardie supraventriculaire (TSV) est qu’il s’agit, en quelque sorte, d’un court-circuit électrique dans le réseau électrique du cœur. En conséquence, le cœur bat rapidement, même lorsque la personne est au repos, sans aucune stimulation extérieure.

Ça va vite!

La fréquence cardiaque habituelle de ce genre d’arythmie est de 140 à 220 battements par minute, bien régulière.

Qui est concerné?

Les TSVs peuvent toucher aussi bien les enfants que les adultes de tout âge, souvent en bonne santé.

Cette anomalie n’est pas héréditaire et n’a rien à voir avec la présence ou l’absence d’artères coronariennes bloquées.

Quels peuvent être les symptômes?

Cette arythmie se manifeste habituellement par le début soudain de palpitations, de type « cœur qui débat », et se termine également de façon brusque avec le retour du rythme sinusal, c’est-à-dire le rythme normal.

Elle peut donner la sensation de pratiquer un sport intense, avec un cœur qui palpite et semble vouloir sortir de la poitrine, même en étant au repos.

Une comparaison classique

On peut imager le début et la fin des palpitations comme on ouvre et ferme la lumière. Par exemple, le cœur passe de 80 à 180 battements par minute de façon soudaine, puis il retourne abruptement à 80 battements par minute.

Cette description de début et de fin brusques de l’épisode de palpitations oriente aussitôt le professionnel de la santé vers un diagnostic de TSV.

D’une durée variable

Une TSV peut être de courte durée, soit de quelques minutes. Il peut également arriver que la TSV se prolonge pendant quelques heures, voire plusieurs heures, obligeant parfois la personne à se rendre aux urgences de l’hôpital pour recevoir un traitement administré dans une veine afin de mettre fin à la crise.

Autres malaises possibles

Certaines personnes ne perçoivent pas les palpitations sous forme de battements rapides, mais ressentent un essoufflement soudain, des douleurs thoraciques ou des étourdissements. Ces symptômes sont occasionnés par le rythme cardiaque élevé et soutenu.

On n’en meurt pas, mais cela dérange

La TSV n’est pas mortelle ni dangereuse.

Elle affecte plutôt la qualité de vie, car elle peut se déclencher n’importe quand, à toute heure du jour ou de la nuit et sans facteur précipitant ou prédisposant.

Fréquence très variable

La fréquence des épisodes est différente d’un individu à un autre et peut varier dans le temps chez une même personne.

Effectivement, il peut se produire un épisode par an ou bien de deux à trois épisodes par semaine. La fréquence n’est pas fixe, malheureusement.

Des crises de TSV à répétition peuvent survenir au cours de l’adolescence, suivies d’une accalmie pendant plusieurs années, avec récidive lors de la ménopause ou de l’andropause.

Le pourquoi et le comment

Trois mécanismes sont principalement responsables d’une TSV :

  1. Court-circuit dans le douanier électrique appelé réentrée nodale (50 à 70% des cas)
  2. Un fil électrique supplémentaire dans le cœur présent dès la naissance appelé faisceau électrique accessoire (20 à 30% des cas)
  3. Court-circuit dans l’oreillette appelé tachycardie auriculaire paroxystique (TAP) (10 à 20% des cas)

• Réentrée nodale

Chez environ 30% de la population, la région du douanier électrique ou région du nœud auriculo-ventriculaire (NAV) est composée de deux entrées électriques. Il y a une voie de conduction électrique lente et une voie de conduction électrique rapide du nœud AV ; il s’agit d’une variante normale.

Tant que l’électricité passe par les deux entrées électriques en même temps, le signal électrique se rend de façon simultanée aux ventricules et n’occasionne aucun court-circuit, donc aucune arythmie.

Une TSV par réentrée nodale peut être déclenchée par la production prématurée d’électricité qu’on appelle extrasystole. Une extrasystole est produite soit au niveau de l’oreillette (extrasystole auriculaire ou ESA) soit au niveau du ventricule (extrasystole ventriculaire ou ESV).

Elle est le plus souvent asymptomatique ou ressentie sous différentes formes selon les individus. Certains la décrivent comme une pause au niveau du cœur ou un battement plus vigoureux.

Si l’extrasystole pénètre le douanier (nœud AV) en passant de façon égale ou synchrone dans la voie lente et rapide, il n’y aura pas de court-circuit.

Cependant, si l’extrasystole arrive à un moment précis où l’une des deux entrées électriques n’est pas prête à laisser passer le courant, alors l’électricité descend uniquement par une voie et emprunte l’autre en sens inverse, donnant naissance à un microcercle électrique qui entraîne une tachycardie supraventriculaire paroxystique (TSVP).

• Faisceau accessoire (anciennement appelé Wolff-Parkinson-White)

Un faisceau accessoire est un fil électrique supplémentaire présent dès la naissance qui relie l’oreillette au ventricule. Ce fil électrique contourne le contrôle du nœud AV. Il peut être situé du côté droit ou du côté gauche du cœur.

Dans certains cas, ce faisceau est sans conséquence et ne causera jamais d’arythmie.

Dans d’autres cas cependant, le facteur déclenchant une TSV par un faisceau accessoire est, encore une fois, les extrasystoles.

Lorsqu’elle se déclenche, l’activité électrique descend par le douanier électrique et remonte à contresens (ou rétrograde) par le faisceau accessoire. L’activité électrique est déjà prête à redescendre au ventricule par le douanier électrique, créant ainsi un cercle électrique. Cette boucle peut également se faire dans le sens inverse, soit en descendant dans le ventricule par ce faisceau accessoire et remontant par le nœud A-V.

• Tachycardie auriculaire paroxystique (TAP)

La tachycardie auriculaire paroxystique peut provenir de l’oreillette droite ou de l’oreillette gauche. Un micro cercle électrique s’y forme, prenant la relève du chef d’orchestre naturel du cœur et produisant de l’électricité très rapide, provoquant ainsi la TSV.

Traitement

Le traitement d’une TSV varie d’un individu à un autre. Il est directement relié à la fréquence des épisodes, à leur durée, aux symptômes ressentis et aux conséquences sur la qualité de vie de la personne.

Des trucs à tenter

Les manœuvres Valsalva peuvent parfois faire cesser la tachycardie supraventriculaire (TSV).

  • Forcer au niveau du ventre : Cette manœuvre consiste à forcer comme lors d’une évacuation difficile des selles.
  • Refroidir le visage : Une autre manœuvre consiste à placer rapidement une serviette d’eau froide sur le visage ou encore à plonger le visage dans un seau d’eau glacée.

Ces interventions peuvent agir sur les connexions nerveuses du cœur et influencer son système électrique, le ramenant ainsi à sa fréquence normale.

La thérapie

Plusieurs thérapies peuvent être utilisées, dépendamment des symptômes, de la fréquence des arythmies, de leur durée et de leurs récurrences.

Une prescription « au cas où »

Si un épisode survenait et que la manœuvre de Valsalva s’avérait inefficace, une médication serait alors prescrite au patient. Le médicament, pris à ce moment-là sous forme de pilule, pourra mettre fin à l’arythmie.

Une médication plus spécifique

Lorsque les épisodes sont fréquents et affectent la qualité de vie d’une personne, les médecins peuvent prescrire une médication qui consiste à ralentir la conduction électrique au niveau du douanier électrique, le nœud AV.

Dans d’autres cas, une médication différente agissant spécifiquement sur l’électricité de l’oreillette ou sur le faisceau accessoire peut être utilisée.

L’efficacité de la médication est très variable. En même temps, même si elle est efficace, la médication peut parfois causer des effets secondaires qui mèneront à un changement de traitement ou, tout simplement, à l’abandon de celui-ci.

Une thérapie définitive : l’ablation

Une autre méthode pour enrayer les TSV de façon définitive est l’ablation par cathéter. Ce traitement permet de guérir une TSV en détruisant la zone responsable de l’arythmie.

  • Étude électrophysiologique

La première étape de ce traitement est de pratiquer une étude électrophysiologique (EEP), qui consiste à étudier l’activité électrique du cœur afin de trouver le mécanisme de la TSV.

Cet examen est réalisé à l’aide de cathéters qui sont introduits dans les veines du corps et dirigés vers différents endroits du cœur.

  • L’ablation

Ces cathéters enregistrent les signaux électriques cardiaques. De cette façon, les spécialistes peuvent déterminer de manière précise l’emplacement de la TSV et en détruire le court-circuit. Cette intervention se réalise à l’aide d’un cathéter qui brûle la région, soit par la chaleur (radiofréquence) ou par le froid (cryoablation).

Durée de l’intervention

La durée de la procédure est variable. Habituellement, un maximum de 2 heures est suffisant pour pratiquer l’intervention.

Excellents taux de succès

Les taux de succès varient selon les mécanismes de la TSV, cependant, ils sont en moyenne élevés, atteignant 95 % dans la plupart des cas.

Les risques associés à la procédure

Comme pour toute intervention chirurgicale, l’ablation comporte des risques.

Les complications majeures liées à la procédure représentent ≤ 1 % des cas (nécessité d’implanter un pacemaker, infarctus, perforation cardiaque, etc.).

Des complications mineures peuvent survenir, telles qu’un léger saignement ou la formation d’un hématome (amas de sang aux sites où les cathéters ont été installés).

En rappel

Il est important de rappeler que le traitement retenu pour une TSV varie d’un individu à un autre. Les différents avantages et risques de chacune des options sont présentés par le professionnel de la santé.

La décision finale revient au patient, après discussion avec son médecin traitant.