Dissection Spontanée de l’Artère Coronaire (DSAC)

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Le cœur est une pompe musculaire extraordinaire qui assure la circulation du sang dans tout le corps. Il est le moteur de la vie.

Les artères coronaires

Ce muscle, le cœur, utilise de l’oxygène qui lui est livré par des « tuyaux » appelés artères coronaires. Ces artères passent au-dessus du cœur et le pénètrent, fournissant un sang riche en oxygène. Le diamètre des artères varie entre 2 et 4mm.

Toute maladie qui modifie la taille de leur diamètre peut compromettre les fonctions du cœur et parfois l’affecter de façon permanente.

Les composantes d'une artère

Il existe 2 artères coronaires principales qui apportent le sang au cœur. Ces 2 artères et toutes les autres artères coronaires sont formées de 3 couches : l’intima, la media et l’adventice.

Chacune d’elles joue un rôle spécifique.

Couche intérieure : intima

La paroi intérieure nommée intima est comparable à une mince couche de téflon.

Elle est responsable de maintenir le vaisseau en bon état et de le protéger contre la formation de caillots sanguins.

Couche médiane : média

Située entre les 2 autres couches, la media est plus épaisse; elle contient des cellules musculaires lisses.

La media permet à l’artère de se contracter, puis de se dilater.

Couche externe : adventice

L’adventice est la couche de revêtement extérieure. C’est la partie la plus résistante de l’artère. Son rôle est de protéger le vaisseau.

Trois principaux types d'obstacles

La circulation coronaire peut être entravée de 3 façons. Celles-ci ont le même point de départ, la couche musculaire du vaisseau sanguin, la media :

1-Spasme de l’artère coronaire de façon spontanée ou provoquée par la consommation d’une substance telle que la cocaïne.

Le spasme coronarien est une contraction de la couche musculaire de la media, laquelle a pour effet d’étouffer le vaisseau.

La gravité des conséquences de cet étranglement dépend de l’importance du spasme, c’est-à-dire s’il s’agit d’une fermeture complète ou partielle de l’artère et de la durée du spasme.

2-Dissection ou déchirure spontanée de la media.

La raison pour laquelle cela se produit n’est pas encore bien connue, mais on semble vouloir l’associer à une anomalie de la media.

Les conséquences dépendront, cette fois encore, de la gravité de la déchirure interne du vaisseau et s’il y a eu un blocage partiel ou total de l’artère.

3-Rupture de la plaque d’athérome.

Plus souvent désignée comme étant une rupture de plaque de cholestérol, c’est de loin la cause la plus fréquente d’altération de la circulation coronaire.

Examinons de plus près la dissection artérielle ou déchirure spontanée de la media.

Qu'est-ce qu'une dissection spontanée d'une artère coronaire ou DSAC?

Une DSAC est, comme son nom l’indique, une déchirure dans la paroi d’une artère coronarienne qui survient subitement, sans origine identifiée.

Une déchirure se produit

Un bris peut survenir et être localisé dans la couche musculaire uniquement, donc confiné à l’intérieur de la paroi de la coronaire. Cette dissection cause un saignement dans la media.

Un renflement se formera à l’intérieur du vaisseau, selon l’importance du saignement.  Il s’ensuivra une obstruction partielle ou totale de la circulation sanguine.

Il est possible que cette dissection inclue la fine couche intérieure du vaisseau, l’intima. Dans un tel cas, la circulation sanguine pourrait s’infiltrer et déchirer davantage la paroi du vaisseau.

Et comme si ce n’était pas suffisant!

Un autre processus peut venir envenimer la DSAC, celui de l’addition d’un thrombus ou, plus précisément, le développement d’un caillot de sang qui se forme au site du bris artériel.

Lorsque la paroi de l’artère se déchire et expose les composantes de celle-ci, le corps enclenche un processus pour colmater la brèche menant à la formation d’un caillot sanguin. Le tout s’amorce avec l’activation des plaquettes sanguines.

L’alarme a sonné pour les plaquettes sanguines

Les plaquettes sont des petites particules qu’on retrouve dans le sang. Il s’agit, plus exactement, d’infimes fragments des grosses cellules contenues dans la moelle osseuse.

Elles jouent un rôle important dans la coagulation sanguine, ce processus par lequel le sang passe de l’état de liquide à celui de gel pour former un caillot.

Comprendre la coagulation sanguine

Quand on se coupe, la plaie saigne. Le sang s’écoule puisqu’il y a une brèche dans les vaisseaux sanguins. L’organisme lance un signal d’alarme, car il doit recouvrir ou refermer la brèche. C’est ce que fait la coagulation sanguine.

La formation du caillot

Les thrombocytes ou plaquettes sanguines sont les premières cellules à entrer en action. Au contact des éléments qui sont sous la fine couche du vaisseau qu’est l’intima, celles-ci changent de forme, produisent des tentacules et s’agglutinent entre elles. Elles constituent la structure primaire du caillot.

Les plaquettes libèrent également des substances qui en attirent d’autres pour activer le processus de la suite de la coagulation sanguine en transformant certaines protéines du sang en petits filaments.

L’accumulation de ceux-ci autour des plaquettes et des globules rouges captifs forme un véritable filet qui sert à solidifier davantage le caillot rendu hermétique.

Obstruction partielle ou complète

Que la déchirure soit limitée à l’intérieur de la paroi coronarienne ou qu’elle inclue l’intima, l’accumulation de sang dans la paroi artérielle, avec ou sans la formation d’un caillot dans une coronaire, peut causer l’une ou l’autre des deux situations suivantes : une obstruction partielle ou complète du vaisseau.

Au niveau clinique, ces conditions peuvent mener à un infarctus du myocarde sans élévation du segment ST (NSTEMI) ou à un infarctus du myocarde avec élévation du segment ST (STEMI).

Qui est à risque?

Selon les dossiers médicaux, environ de 1 à 4 % des infarctus du myocarde et 0,5 % des arrêts cardiaques sont causés par la Dissection Spontanée de l’Artère Coronaire (DSAC).

Dans près de 90 % des cas, les victimes sont des femmes âgées de 40 à 55 ans.

Quelles sont les causes potentielles et les facteurs de risque de la DSAC?

La DSAC n’est pas causée par des plaques d’athérome (athérosclérose). L’origine de cette maladie n’est pas encore connue. Dans plus de 20 % des cas, nous ne savons toujours pas d’où elle provient.

Nous savons que certaines conditions sont propices à la DSAC :  

  • la Dysplasie Fibromusculaire (DFM) : il s’agit d’une condition ou plutôt d’une maladie du tissu musculaire vasculaire lui-même. Les vaisseaux sanguins sont anormaux par tout le corps avec des zones où ceux-ci se rétrécissent et se dilatent. En général, la DFM affecte surtout les vaisseaux du cœur, la tête, le cou et les reins. Cette condition a été constatée chez 60 % des patients atteints d’une DSAC;

 

  • grossesse: une DSAC peut se présenter pendant la grossesse ou tout de suite après l’accouchement. Elle se manifeste le plus fréquemment chez les femmes qui ont eu plus d’une grossesse ou donné naissance plusieurs fois;

 

  • stress émotif ou physique: les patients qui présentent une DSAC ont un taux plus élevé de stress physique ou émotif; par exemple, la perte d’un être cher, d’un emploi, la rupture d’une relation, le stress au travail, etc.

Il convient de considérer comme facteurs prédisposants :

  • certaines maladies du tissu conjonctif, impliquant des éléments entre les cellules. On peut nommer les syndromes de Marfan et de Ehlers-Danlos, entre autres;
  • le caractère héréditaire a été soulevé. Certaines mutations dans le code génétique sont présentement à l’étude;
  • la thérapie hormonale à l’œstrogène est également soupçonnée sans qu’on ait trouvé d’évidence clinique à ce jour.

 

Chez les patients qui ont des artères fragiles, la dissection peut être précipitée par :

  • un stress émotif ou physique,
  • une activité physique intense,
  • l’usage de stimulants, tels la cocaïne, par exemple.
  • l’accouchement et la grossesse.

Quels sont les symptômes?

Les symptômes de la dissection spontanée d’une artère coronaire sont tout à fait semblables à ceux ressentis lors d’une lésion par rupture d’une plaque de cholestérol.

 

L’apparition soudaine d’une douleur thoracique peut être décrite comme une gêne, une oppression dans la région du thorax avec ou sans irradiation :

  • au cou,
  • à la mâchoire,
  • au bras gauche.

 

Elle peut également provoquer un cas d’arythmie ou d’arrêt cardiaque.

Pourquoi des symptômes similaires?

L’ensemble des symptômes qui caractérise un événement coronarien par fissure d’une plaque de cholestérol (Syndrome Coronarien Aigu (SCA)) et de la DSAC sont très ressemblants, en raison du fait qu’ils partagent la même origine, soit une restriction ou blocage du flux sanguin.

On peut admettre qu’il puisse y avoir une certaine hésitation au moment de poser un diagnostic, en s’appuyant sur l’étroite similitude entre les symptômes des 2 cas évoqués.

Comment poser un diagnostic?

On soupçonnera une DSAC chez un patient présentant une crise cardiaque, alors…

  • qu’il ne démontre aucun facteur de risque de maladie coronarienne athérosclérotique,
  • qu’il est âgé de moins de 50 ans,
  • qu’il a subi un stress physique ou émotif important,
  • qu’il présente des problèmes de santé le prédisposant à une DSAC.

Des variations ou changements sont visibles à l’électrocardiogramme et parfois même à l’échocardiographie par ultrasons.

En ce qui concerne le bilan sanguin, les protéines libérées par le muscle cardiaque endommagé (les troponines) ont également augmenté. Toutefois, le diagnostic définitif ne pourra être posé que par une coronarographie, laquelle permet au spécialiste soignant de visualiser directement les artères coronaires.

Comment soigne-t-on une DSAC?

Les médecins privilégient souvent une approche conservatrice, ce qui signifie qu’ils optent pour l’observation de l’évolution clinique de la situation, étant donné que les artères ont tendance à guérir par elles-mêmes avec le temps.

À des fins de précision, le traitement conservateur est une thérapeutique médicale dont l’idée principale est d’éviter que le patient soit soumis à des mesures invasives, telles qu’une intervention par cathéter.

Il est recommandé d’éviter l’utilisation de stents dans le traitement d’une artère car les vaisseaux sanguins sont fragiles et qu’il existe un risque d’aggraver la dissection en la faisant s’étendre davantage.

Des médicaments sont donnés pour ralentir le rythme cardiaque et abaisser la tension artérielle dans le but d’aider le processus de guérison. Un agent antiplaquettaire peut être utilisé, mais jusqu’à maintenant aucun bénéfice clinique n’a été démontré.

Si les symptômes persistent au traitement conservateur utilisé ou si l’état du patient s’aggrave, une angioplastie coronaire, avec ou sans stents, sera parfois tentée. Cette procédure a des succès mitigés car certaines déchirures des artères sont très étendues.

Il n’arrive que très rarement que l’on doive recourir à une chirurgie cardiaque, bien que celle-ci puisse être parfois nécessaire.  

En général, la guérison complète de l’artère coronaire est attendue après 3 mois chez 95 % des patients.      

À quels examens doit-on s’attendre?

En présence d’une douleur thoracique, les examens de base comprennent généralement:

  1. Prise de sang: Pour détecter des marqueurs de souffrance cardiaque, comme la troponine.
  2. Électrocardiogramme (ECG): Pour évaluer l’activité électrique du cœur et identifier des anomalies pouvant indiquer une ischémie ou un infarctus.
  3. Radiographie pulmonaire: Pour examiner les poumons et le cœur, excluant d’autres causes de douleur thoracique, comme une pneumonie ou un épanchement pleural.
  4. Échocardiographie transthoracique: Cet examen permet de visualiser l’impact de la dissection sur la fonction musculaire du cœur.
  5. Coronarographie: C’est l’examen de référence pour confirmer le diagnostic, mettant en évidence la rupture de la paroi coronarienne et son impact sur le flux sanguin.
  6. Tomodensitométrie (SCAN): Certaines revues médicales récentes suggèrent également la nécessité d’un SCAN du cou, du thorax, et de l’abdomen pour dépister une éventuelle dysplasie fibromusculaire, une anomalie de la couche musculaire des vaisseaux.

Une dissection peut-elle récidiver?

Dans les études les plus avancées en matière de DSAC, on a rapporté une récidive chez moins de 3 % des patients sur une période de 3 ans.

Cela souligne l’importance de suivre les conseils médicaux quand un cas de dissection spontanée de l’artère coronaire se présente.   

Que fait-on après avoir subi une dissection spontanée?

  1. Maintenir la tension artérielle à normale-basse.
  2. Prescription de bêtabloquants : Ces médicaments sont prescrits pour réduire la contrainte de cisaillement sur les artères du patient, c’est-à-dire la charge de travail que le sang impose aux artères à chaque battement de cœur.
  3. Faire des exercices à intensité modérée : Il est recommandé de limiter les levées de poids à 30 lb pour les femmes et 50 lb pour les hommes.
  4. Il est également suggéré d’éviter les grossesses, car la DSAC peut récidiver dans 14 % des cas chez les patientes qui l’ont déjà subie, selon des études secondaires.
  5. Participation à un programme de réadaptation cardiaque : Ce programme est considéré comme bénéfique et permet au patient de commencer à faire de l’exercice de léger à modéré en toute sécurité.
  6. Programme de soutien psychologique : Il est recommandé si le patient en éprouve le besoin, car la DSAC peut être une expérience bouleversante.

La conduite automobile

Conduire un véhicule dépend de l’étendue du dommage cardiaque souffert et de la catégorie de conducteur dont il s’agit. Le patient devra en discuter avec son médecin. Dans certaines provinces, la situation est telle que ci-dessous.

STEMI :

  • après un infarctus du myocarde de type STEMI, la conduite automobile est soumise à certaines restrictions. En général, on devra attendre 1 mois après l’événement;
  • dans le cas de la conduite commerciale, (chauffeur d’autobus, de camion et autres véhicules de même catégorie), l’attente est prolongée à 3 mois, à compter de la date à laquelle le patient a obtenu son congé de l’hôpital;

NSTEMI :

  • s’il s’agit d’un infarctus de moindre importance, soit du type NSTEMI, qui n’a nécessité qu’une période d’observation et une intervention chirurgicale non urgente, la conduite peut être reprise dès 48 heures après l’intervention cardiaque. Cependant, on exigera une étude échographique confirmant que seuls des dommages minimes ont été causés au cœur;
  • dans le cas de la conduite commerciale, le patient devra attendre jusqu’à 7 jours avant de reprendre le volant. Il existe plusieurs autres recommandations selon la situation; par exemple, un infarctus sans gravité majeure, sans intervention sur les artères, ni complications valvulaires ou arythmiques, et ainsi de suite.

Dans ces cas particuliers, il est sage pour le patient de consulter son cardiologue pour obtenir son opinion avisée quant au délai à respecter avant de recommencer à conduire.

Les médecins ne rapportent pas automatiquement à la SAAQ que tel ou tel patient a subi un accident cardiovasculaire.

Tout dépend du bon vouloir du patient à se conformer aux directives médicales qui lui ont été prescrites.

Ainsi va la loi dans plusieurs provinces canadiennes.

Toutefois, si le patient avait la malchance de causer un accident qui serait dû à un symptôme ou à une complication cardiaque pendant la période où il ne lui était pas recommandé de conduire, il pourrait être tenu entièrement responsable de l’issue de l’accident, ayant mis sa vie en danger et celles d’autres personnes tout autant.

Quel est le suivi recommandé?

Après une DSAC, un suivi médical auprès d’un professionnel de la santé s’impose.

Un suivi à long terme avec un cardiologue est pleinement justifié puisqu’il s’agit d’une maladie relativement récente et que le corps médical a beaucoup à apprendre en l’occurrence.

La fréquence des rencontres dépendra de la proximité de l’événement et de sa gravité.