Cardiomyopathie de stress- Takotsubo – Point de vue patient

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Permettez-moi de vous raconter une expérience marquante : ma toute première rencontre avec la médecine… à 52 ans.

Jusque-là, je n’avais jamais eu de problème de santé. Je suis fumeuse, je travaille en restauration, un métier où l’on passe la journée à marcher, mais rien de notable côté médical.

Une soirée d’automne bouleversante

Tout a commencé par une belle soirée d’automne. Je revenais à pied d’une petite course quand, soudain, quelqu’un m’a violemment bousculée par-derrière et m’a arraché mon sac à main. Je suis tombée au sol, complètement sonnée. Mon cœur s’est emballé comme jamais. Je sentais une poussée d’adrénaline dans tout mon corps, comme si mon cœur voulait sortir de ma poitrine.

Un passant m’a aidée à me relever. En voyant mes égratignures aux mains et mon état de panique, il a appelé le 911. L’ambulance est arrivée pendant que j’essayais de reprendre mes esprits. Honnêtement, je ne savais pas trop si j’avais besoin d’aller à l’hôpital… mais on m’a convaincue qu’il valait mieux consulter après un tel choc.

Les policiers sont aussi intervenus. Ils m’ont posé plusieurs questions et m’ont donné leur carte pour un éventuel suivi. Je venais de perdre tous mes papiers : cartes d’identité, permis de conduire, cartes de crédit… tout était à recommencer.

Direction : l’urgence

À l’hôpital, je me sentais relativement bien, malgré les égratignures aux mains. J’ai passé des radiographies des poignets (rien de cassé), un électrocardiogramme et des prises de sang. Bref, une série d’examens… mais je ne comprenais pas trop pourquoi je restais étendue sur une civière. Je voulais simplement rentrer chez moi.

Le médecin m’a rassurée. Il m’a dit qu’il communiquerait avec moi si quelque chose d’anormal ressortait des résultats. Je suis donc repartie, toujours un peu secouée, mais loin de me douter que ce n’était pas la fin de l’histoire…

Un court retour à la maison

À peine une heure après mon départ de l’hôpital, le médecin me rappelle. Mes prises de sang révèlent quelque chose d’anormal au niveau du cœur.

Il pense que j’ai peut-être fait une petite angine et me demande de revenir à l’urgence. Franchement, quelle journée !

De retour à l’hôpital, une infirmière m’installe sur une civière et place des électrodes sur ma poitrine pour surveiller mon cœur en continu.

Le médecin vient m’examiner, me demande si j’ai mal à la poitrine, puis m’explique que mon cœur a montré des signes de souffrance pendant l’agression. Un cardiologue va venir me voir pour aller plus loin.

Ma rencontre avec le cardiologue

Le cardiologue procède à un échocardiogramme transthoracique — une échographie du cœur. Il constate que le stress intense que j’ai vécu a perturbé le fonctionnement de mon cœur : une partie du ventricule gauche se contracte moins bien. Il me rassure aussitôt en m’expliquant que cette anomalie est généralement temporaire et devrait se résorber dans les semaines à venir.

Je l’écoute attentivement… mais c’est beaucoup à digérer. Je suis encore secouée par l’agression, et maintenant on me parle de souffrance cardiaque.

Mais ce n’est pas tout. Par mesure de prudence, le cardiologue souhaite s’assurer qu’aucune artère du cœur — les fameuses artères coronaires — n’est rétrécie ou obstruée. Une anomalie de contraction peut aussi être causée par un problème de circulation sanguine. Il prévoit donc une coronarographie pour le lendemain.

J’insiste

Je tiens à insister sur un point important : tout va très vite lorsqu’on entre en contact avec le monde médical pour la première fois. Dans mon cas, c’était complètement nouveau. Les examens s’enchaînent, les professionnels de la santé passent rapidement, et on reçoit beaucoup d’informations en peu de temps.

Mais le cerveau, lui, n’est pas toujours prêt à suivre. Il est encore figé par ce qui vient de se passer, par l’agression, par la peur, par le choc. On peut se sentir désemparée, vulnérable, parfois même incapable de tout comprendre sur le moment.

Alors je le dis clairement : il ne faut surtout pas hésiter à poser ses questions. Même celles qui semblent simples ou évidentes. Il n’y a pas de mauvaises questions — seulement des réponses qui peuvent rassurer, éclairer, et aider à reprendre un peu de contrôle sur ce qu’on vit.

Une coronarographie rassurante

La coronarographie est un examen d’imagerie qui permet de visualiser les artères du cœur en y injectant un liquide contrastant. Dans mon cas, tout est normal ! Mes artères sont intactes.

Le diagnostic tombe : il s’agit d’un Takotsubo, aussi appelé cardiomyopathie de stress. Quel nom étrange, n’est-ce pas ? Mais je comprends maintenant que ce que j’ai vécu n’est pas rare. Un choc émotionnel intense peut, chez certaines personnes, provoquer une réaction du cœur qui imite un infarctus, sans qu’il y ait de blocage dans les artères.

Le Takotsubo : quand le stress touche le cœur

Ce que j’ai vécu porte un nom peu commun : Takotsubo. Il s’agit d’un dérèglement temporaire du cœur, provoqué par un stress intense. On l’appelle aussi cardiomyopathie de stress.

Ce trouble peut survenir à la suite d’un choc émotionnel — une grande peine, une immense joie, une agression, ou tout autre stress, physique ou psychologique. Le mécanisme exact n’est pas encore bien compris, mais le cœur réagit comme s’il vivait un infarctus. Certaines personnes ressentent une douleur thoracique au moment de l’événement, d’autres non.

Dans bien des cas, on prescrit temporairement des médicaments pour soutenir le travail du cœur. Un suivi est ensuite organisé, généralement par échocardiographie, pour vérifier que la contractilité du muscle cardiaque redevient normale. Et c’est le cas chez la très grande majorité des patients.

Une attention particulière malgré tout

Même si l’évolution est le plus souvent favorable, cette condition mérite d’être prise au sérieux. Dans de rares cas, le Takotsubo peut entraîner des complications, comme des arythmies (troubles du rythme cardiaque) potentiellement dangereuses. D’où l’importance d’un bon suivi.

Ma conclusion

Cette cardiomyopathie de stress est parfois surnommée le syndrome du cœur brisé. Une expression imagée… mais qui prend tout son sens. Je la résumerais avec cette phrase :
« Beaucoup de bruit dans l’escalier… mais personne ne monte. »

Autrement dit, mon cœur a réagi violemment, tout a été vérifié, les examens se sont enchaînés… mais heureusement, rien de grave n’a été trouvé.

Dans mon cas, la récupération a été complète en quelques semaines. Je n’ai ressenti aucun autre symptôme, aucune arythmie. Je ne regrette pas une seconde d’être retournée à l’hôpital ce soir-là — je n’aurais jamais imaginé que mon cœur ait pu souffrir autant d’un événement aussi soudain.

Cette épreuve m’a ouvert les yeux sur la fragilité de la santé. Et oui… j’ai même arrêté de fumer.

À retenir : Le syndrome de Takotsubo

Le syndrome de Takotsubo, aussi appelé cardiomyopathie de stress ou syndrome du cœur brisé, est un trouble temporaire du muscle cardiaque.

  • Il survient généralement à la suite d’un stress important, qu’il soit émotionnel (choc, deuil, agression, peur intense, joie extrême) ou physique (intervention chirurgicale, maladie grave).
  • Il touche surtout les femmes après la ménopause, mais peut se produire à tout âge.
  • Il imite un infarctus du myocarde, avec ou sans douleur thoracique, mais les artères coronaires sont normales à l’examen.
  • Le ventricule gauche du cœur montre une anomalie de contraction, souvent transitoire.
  • Dans la majorité des cas, l’évolution est favorable avec un rétablissement complet en quelques semaines.
  • Un traitement temporaire peut être prescrit, accompagné d’un suivi cardiologique.
  • Des complications sont rares, mais une surveillance est toujours indiquée.