Eau « dans » les poumons alias l’Œdème Pulmonaire

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On a tous entendu dire que quelqu’un avait fait de l’eau « sur » les poumons ou de l’eau « dans » les poumons.

Mais qu’en est-il exactement ?

Doit-on dire « sur » les poumons ou « dans » les poumons ?

En réalité, les deux situations existent :

• Eau « dans » les poumons :

Cela fait référence à l’accumulation de liquide à l’intérieur des poumons, c’est-à-dire de l’eau dans les alvéoles des poumons, connue sous le nom d’œdème pulmonaire.

• Eau « sur » les poumons :

Cela fait référence à l’accumulation de liquide dans la cavité pleurale, soit l’espace entre les poumons et leur enveloppe. Cette condition est appelée épanchement pleural.

Les causes sont multiples. Cette forme d’eau « sur » les poumons peut être associée à celle de l’eau « dans » les poumons ou encore être liée à une maladie pulmonaire entre autres.

D’où vient cette eau? Car, normalement, il n’y en a pas.

Pour mieux comprendre il faut revenir aux principes de base.

Les poumons et la respiration

Les poumons sont l’endroit où les échanges d’oxygène (O2) et de gaz carbonique (CO2) se font.

Lourd de gaz carbonique, le sang veineux va vers les poumons pour y faire le plein d’oxygène; ce sang oxygéné se dirige ensuite vers le cœur d’où il part oxygéner les organes du corps humain.

L’arrivée du sang « usé », lourd de gaz carbonique (CO2)

Le sang « usé » arrive aux poumons du ventricule droit par l’artère pulmonaire.

L’artère pulmonaire se ramifie en une multitude de petites artérioles et capillaires pour diriger le sang dans tous les poumons.

Les capillaires pulmonaires, vaisseaux microscopiques

Les capillaires pulmonaires sont les points de jonction entre les artères et les veines pulmonaires.

Ce sont des vaisseaux microscopiques dans lesquels les globules sanguins passent à la file indienne.

Les alvéoles pulmonaires, ces petits sacs d’air

Les poumons sont composés d’une multitude de petits sacs d’air appelés alvéoles. Il y en a plus de 600 millions dans les poumons.

Une alvéole possède un diamètre de 0.2 mm et sa paroi est munie d’une très mince couche de cellules. Les capillaires pulmonaires recouvrent l’ensemble des alvéoles.

Jonction alvéoles et capillaires pulmonaires

C’est à cet endroit microscopique que la respiration s’effectue vraiment.

Échange de liquide au niveau des capillaires

Les capillaires sont comme des drains troués recouverts d’une mince membrane, laquelle empêche les protéines et les cellules du sang de sortir, tout en permettant aux fluides du sang, l’eau du sang de s’échapper ou de reprendre la circulation.

En temps normal, l’équilibre de ce qui sort et entre est préservé. Il n’y a pas d’accumulation de liquide dans le poumon.

Mais d’où vient cet équilibre entre l’eau qui sort des capillaires et l’eau qui y retourne?

Les cellules des poumons baignent dans un liquide

Il faut savoir que les cellules des alvéoles doivent baigner dans un liquide pour assurer leur bon fonctionnement et permettre les échanges d’oxygène (O2) vers le sang et de gaz carbonique (CO2) vers les alvéoles et, finalement, hors du poumon par l’expiration.

Facteurs qui contrôlent l’eau.

Deux facteurs influencent l’entrée et la sortie de l’eau du capillaire. L’un tente de garder l’eau à l’intérieur et l’autre lui permet de s’échapper.

-Facteur « oncotique »

Appelons le premier facteur, la pression oncotique.
Pour une meilleure compréhension, disons que le « on » de oncotique signifie « dedans » ou à l’intérieur.

La rétention d’eau dans le capillaire est exercée par les globules sanguins et les protéines du sang qui ne peuvent traverser la membrane des capillaires.

Les globules et les protéines du sang demeurent donc dans ce vaisseau microscopique.

-Facteur « osmotique »

Le deuxième facteur qui influence l’entrée et la sortie d’eau des capillaires est la pression osmotique.

Le terme osmotique vient du mot osmose, c’est-à-dire le libre passage d’eau pour un équilibre des concentrations à l’intérieur et à l’extérieur des capillaires.

De cette façon, les cellules baignent, mais il n’y a pas de débordement.

La conséquence d’une perte d’équilibre

Toute altération d’un quelconque de ces facteurs peut provoquer un surplus d’eau dans le milieu où baignent les cellules. Ce surplus d’eau aura pour conséquence de ralentir les échanges d’oxygène et de gaz carbonique et résultera en un essoufflement plus marqué à l’effort.

C’est le cas de l’anémie, cette baisse d’hémoglobine qui altère le facteur oncotique. Il y a moins de rétention d’eau dans le capillaire. L’essoufflement qui en résulte est amplifié de surcroît par une diminution du nombre de globules rouges, ces petits bateaux qui transportent l’oxygène.

Le même effet se produira avec une baisse des protéines sanguines attribuable à certaines maladies qui diminuent leur production dans le foie. Cette baisse de protéines sanguines peut aussi être attribuable à d’autres problèmes intestinaux ou rénaux, lesquels entraînent leur perte par les selles ou l’urine.

Ces maladies sont habituellement chroniques, c’est-à-dire qu’elles se développent progressivement.

Mais qu’est-ce que le cœur a à voir dans cet équilibre?

Vous me direz que des deux facteurs mentionnés ci-dessus, vous ne voyez pas la place du cœur dans la formation de l’œdème pulmonaire.

Vous avez raison!

C’est qu’il y a un troisième facteur. Ce facteur est lié à la pression sanguine dans le capillaire.

-3e facteur : La pression sanguine

La pression sanguine est générée par la contraction du cœur pour faire circuler le sang dans tout le corps humain, y compris dans les poumons.

La pression sanguine normale au niveau des capillaires pulmonaires est inférieure à 20mmHg. Une augmentation de cette pression aura pour effet de créer une congestion sanguine dans les capillaires pulmonaires.

Un embâcle dans la rivière

Prenons l’exemple d’une rivière dans laquelle s’est formé un embâcle. L’eau monte devant cet embâcle. La rivière sort de son lit et inonde les terrains avoisinants.

L’eau envahit les terrains avoisinants

Au niveau pulmonaire, l’eau monte dans la « baignoire » des cellules pulmonaires. Finalement, son débordement amène l’eau à envahir les alvéoles.

La présence d’un surplus d’eau entre les cellules des alvéoles détériore déjà les échanges d’oxygène et de gaz carbonique. L’essoufflement apparaît.

L’impact est d’autant plus important quand l’eau envahit les petits sacs d’air des poumons que sont les alvéoles.

Les capillaires sont le centre névralgique des impacts de la congestion

Les capillaires pulmonaires sont à la merci de toutes les maladies du cœur qui amènent une congestion à leur niveau.

Nous pourrions mentionner ici tous les problèmes liés aux valves aortique et mitrale, toute atteinte au ventricule gauche, sans oublier certaines arythmies qui feront battre le cœur trop rapidement, et j’en passe !

Symptômes possibles

-L’essoufflement

Le symptôme d’essoufflement sera évolutif dans le temps. Il est en lien avec la quantité d’eau dans le milieu où baignent les cellules et, pire encore, lorsqu’il y a présence d’eau dans les alvéoles.

 

Il en est de même pour deux autres symptômes liés à cette perte d’équilibre des échanges de liquides dans les capillaires pulmonaires.

-L’essoufflement au coucher

Certains patients ne sont plus capables de dormir sans relever leur tête avec plusieurs oreillers; autrement, ils étouffent.
Ce symptôme se nomme « orthopnée ».

Qu’en est-il?

Lorsque que l’on se couche, le sang attiré par la gravité dans les jambes est maintenant libéré et remis en circulation.

En temps normal, l’individu ne ressent aucun impact de cette redistribution.

Chez les gens qui ont certains problèmes cardiaques, la pompe qui est fragilisée, a de la difficulté à gérer ce surplus de volume. Il y a donc surcharge à la pompe.

Cette augmentation de volume dans les cavités du cœur crée de la congestion dans le ventricule et dans l’oreillette gauche, laquelle se répercute à son tour jusqu’aux capillaires, centre névralgique des échanges d’oxygène (O2) et de gaz carbonique (CO2).

L’inclinaison du thorax, amenée par la mise en place de plusieurs oreillers, diminue l’effet de la redistribution du sang qui afflue des jambes. La personne respire mieux.

Une augmentation du nombre d’oreillers pour conserver ce confort est un signe d’une détérioration de la condition cardiaque. Il faut le mentionner à son médecin.

-L’essoufflement dans la nuit

Il est possible que la redistribution du sang qui était attiré par la gravité au niveau des jambes se fasse plus graduellement.

Dans ce cas, la personne s’allonge et ne perçoit pas d’essoufflement.

L’essoufflement l’éveillera plus tard dans la nuit.
Le fait de s’asseoir sur le bord du lit, les pieds au sol, ou de se lever pour prendre l’air soulage l’essoufflement dans les minutes qui suivent.

Ce symptôme que l’on nomme « dyspnée nocturne paroxystique » doit également être signalé au médecin.

 

 

Maladies cardiaques chroniques

Certaines maladies du cœur sont chroniques et les symptômes se développent progressivement dans le temps ou fluctueront dans le temps. Certains événements seront plus importants que d’autres. On parle d’œdème pulmonaire récidivant.

Œdème pulmonaire aigu

D’autres conditions cardiaques donnent des essoufflements rapidement progressifs et peuvent mettre la vie de l’individu en péril.

Le sang s’oxygène moins bien.

Le gaz carbonique s’accumule. La personne manque d’air. Sa respiration devient difficile, voire laborieuse.

C’est la noyade. La personne étouffe.

L’anxiété est à son paroxysme.

Les sueurs froides sont présentent et la fatigue respiratoire s’instable. C’est ce que l’on appelle de lœdème pulmonaire aigu.

C’est une urgence médicale – Faire le 911!

 

Devant toute symptomatologie qui vous inquiète, il faut consulter son médecin.

Eau « dans » et « sur » les poumons

Maintenant, comment de l’eau « dans » les poumons peut-elle se trouver également « sur » les poumons c’est-à-dire, dans son enveloppe?

Allons-y d’un autre exemple pour bien illustrer le tout.
Il suffit de mettre une éponge dans un verre et d’y ajouter de l’eau; l’éponge se gorge d’eau et le surplus reste au fond du verre.

La congestion des capillaires pulmonaires inonde le poumon et inonde ensuite l’enveloppe du poumon.

Cette inondation donne naissance à des épanchements pleuraux en regard des deux poumons ou pleural, s’il s’agit d’un seul côté.