RECHERCHE CLINIQUE EN CARDIOLOGIE

25 novembre 2017

RECHERCHE CLINIQUE EN CARDIOLOGIE

Initialement, la médecine était un art mais, avec le temps, elle est devenue une science.

Plusieurs avancées médicales passées ont été dues à des découvertes faites par erreur ou par hasard (la pénicilline, par exemple). De nos jours, les découvertes médicales découlent majoritairement de longues recherches (l’insuline, par exemple).

De tout temps, des légendes ont circulé pour affirmer que tel ou tel ingrédient a des effets médicinaux.  Qu’en est-il au juste ?  Comment dire, avec certitude, si tel est le cas ?

Mythe ou réalité, un exemple !

Analysons, par exemple, l’énoncé selon lequel un pois sec par jour fait diminuer le cholestérol… 

S’agit-il d’un mythe ou de la réalité ?

La réponse vient de la recherche qui commence par poser la question sous forme d’hypothèse, à savoir un pois sec par jour abaisse le cholestérol. Puis, on passe l’hypothèse à la loupe de la recherche pour vérifier et trouver la réponse à la question.

La vérification de l’hypothèse est faite en comparant deux groupes de personnes similaires sur différentes caractéristiques de base (âge, sexe, etc.). Le premier groupe prend un pois sec par jour, par la bouche, et le groupe-contrôle prend une substance inerte, appelée « placebo », de la farine par exemple, pendant une période de temps prédéterminée.

Quatre conditions pour valider

Pour qu’une étude ou une recherche soit valide au niveau médical, quatre éléments doivent être présents :

1. Un produit comparé à un placebo, sans savoir lequel est lequel

2. Une distribution au hasard du produit étudié (randomisation)

3. Une étude progressive dans le temps (évaluation en temps réel)

4. Le temps requis pour tester l’effet du produit testé. (semaines, mois, années)

 

Les participants ne doivent pas savoir

Les participants ne doivent pas savoir s’ils prennent le pois sec ou la substance dénuée d’effet.

Il en est de même pour les auteurs de la recherche.

Quant aux résultats, ils ne sont connus qu’à la fin de ladite recherche.

Alors ce pois sec… ça marche ou pas ?

De retour au pois sec…

Un tirage au sort détermine si un participant à la recherche reçoit le traitement ou le placebo. Ce dernier doit être de la même couleur et de la même saveur qu’un pois sec, tout en lui ressemblant en tous points, sauf qu’il contient de la farine.

Les participants et le chercheur ne savent pas dans quel groupe tel ou tel participant se trouve. Chacun d’entre eux prend un pois ou un placebo, une fois par jour pendant une durée de temps déterminée. Le cholestérol est mesuré au début et à la date finale, préalablement fixée, de l’étude.

À la fin, on compare le taux de cholestérol sanguin des deux groupes. Dans le cas qui nous intéresse, les calculs statistiques démontrent que la prise du pois sec ne confère aucun avantage par rapport à la prise du placebo, en ce qui a trait à la diminution du taux de cholestérol.

L’énoncé véhiculé de l’effet positif du pois sec sur le cholestérol sanguin est un mythe !

 

Deux trucs importants

En conclusion, il convient de regarder et de comparer deux points importants :

  • la diminution avantageuse
  • le calcul statistique

Il est fort possible que l’on remarque un effet équivalent sur le taux de cholestérol sanguin dans les deux groupes (pois et placebo). Pourquoi ? C’est l’effet placebo qui se produit simplement parce que l’on prend une médication, vraie ou fausse.

Effet placebo

Si on donne un comprimé de farine à une personne en lui disant que c’est une pilule pour dormir, il est fort possible que cette personne dorme mieux, car elle vous croit, elle vous fait confiance et que son cerveau réagit à vos propos.

L’effet placebo se produit dans environ 30% des cas. Bizarre n’est-ce pas ?

Il appert également que la couleur des comprimés peut ajouter à l’effet placebo (un comprimé rouge par rapport à un comprimé brun).

Diminution avantageuse

Une diminution avantageuse est une diminution nettement marquée des résultats de la prise d’un comprimé sur la prise du placebo. En d’autres mots, une diminution avantageuse est un effet réel. Elle est supérieure à l’effet placebo attendu.

Calcul statistique

L’évaluation des groupes et l’analyse de l’hypothèse se font par calcul statistique, un exercice complexe qui tient compte de différents paramètres des groupes comparés ainsi que de l’écart des résultats (de l’effet le moins marqué jusqu’à l’effet le plus marqué).

Le calcul statistique est incontournable puisqu’il permet de vérifier que les deux groupes comparés sont bien similaires, donc que c’est bien l’effet pois sec qui est évalué.

 

Effet chance

Les calculs statistiques sont également importants pour confirmer que les différences observées ne sont pas liées à la chance ou au hasard (dans 5% des cas), mais bien à la prise du médicament.

Par convention, on accepte ce pourcentage d’un effet de hasard ou de chance reflétant la fausse impression que le produit A est meilleur que le produit B.

Dans le cas de notre exemple, notre conclusion serait que le pois sec n’a aucun effet sur le niveau de cholestérol sanguin, tout en admettant qu’on a 5% des chances de se tromper.

Effet de certitude

Le calcul statistique permet une certitude quant aux résultats et, on l’espère, une conclusion favorable pour affirmer que le médicament de l’étude est bénéfique et aide les gens.

Cependant, cette certitude est assujettie à la condition que le bon nombre de patients ont été traités et qu’ils ont été suivis pendant une durée convenable.

Une fois l’étude terminée, les participants peuvent être informés du groupe (médicament ou placebo) dans lequel ils étaient et peuvent prendre connaissance des résultats de l’étude.

En quoi consiste votre implication ?

La médecine moderne avance donc grâce à la recherche et à des patients qui acceptent de participer à un projet de recherche. Leur accord est essentiel.  Il est impossible de participer à une étude à son insu, donc sans accord explicite. Les participants doivent être informés du but de l’étude, du pourquoi, des bienfaits recherchés, ses effets secondaires et de l’ampleur de leur implication -prise de sang, visite médicale, téléphone et déplacements.

Les participants doivent également signer un formulaire de consentement. Leur participation peut être révoquée en tout temps et ce, sans conséquences sur la qualité des soins qu’ils reçoivent.

En participant à un groupe de recherche, une équipe d’infirmiers et infirmières est disponible en tout temps pour répondre aux questions et aux inquiétudes.

Faire de la recherche médicale, ce n’est pas prendre les gens pour des souris ou des cobayes. Plusieurs étapes ont déjà été franchies lorsque le médecin ou son équipe propose à une personne de participer à un projet de recherche.

L’effet thérapeutique et les effets secondaires, de même que la dose du médicament à prendre, ont été évalués au préalable. Tout a été approuvé par Santé Canada, autorité réglementaire qui supervise la sécurité et la faisabilité de toute nouvelle molécule ou dispositif de recherche.

On annonce à la télé la venue d’un nouveau vaccin …

Autre exemple...

On mentionne à la télé qu’un nouveau vaccin sera disponible pour prévenir une infection virale dans une à deux années. Qu’en est-il ? Les chercheurs ont trouvé quelque chose qui protège d’une infection. Sur papier, cela fonctionne. On fait plusieurs tests en laboratoire pour confirmer son efficacité et cela fonctionne toujours. D’où la nouvelle à la télé.

Il ne reste plus qu’à trouver le bon dosage et la formulation du vaccin, c’est-à-dire la dose et le nombre d’injections nécessaires pour se protéger de cette infection avant de l’offrir au grand public.

Encore un exemple : Le fameux ‘’Coumadin’’

Autre exemple récent, le développement des anticoagulants à dosage fixe pour prévenir les caillots chez les patients souffrant d’une fibrillation auriculaire.

Cette formation du caillot au cœur est le souci majeur à l’égard de tels patients. Ce caillot, pouvant se former dans l’oreillette, pourrait partir dans la circulation vers le cerveau et causer un accident vasculaire cérébral. Ou il pourrait aboutir ailleurs dans le corps, causant une embolie et des dommages à l’organe touché

Depuis des décennies le « Coumadin » (warfarin) était le seul agent qu’on pouvait administrer pour « éclaircir » le sang et éviter la formation d’un caillot. Cependant, le Coumadin est un médicament qui nécessite une surveillance constante (prises de sang) pour ajuster les doses. Qui plus est, de nombreuses interactions sont possibles avec des aliments ou d’autres médicaments. De plus, le Coumadin est efficace pour éviter les caillots s’il est présent à un niveau déterminé (la « cible ») dans le sang. Si le patient est au-dessus de la cible, son sang est trop « clair » et il est à risque de saigner. S’il est au-dessous de la cible, le sang est trop « épais » et le patient est à risque de développer un caillot.

La dose ou quantité de Coumadin requis pour atteindre la cible dans le sang est très variable d’une personne à l’autre.

Les recherches des dernières années dans ce domaine permettent maintenant de disposer d’agents qui éclaircissent suffisamment le sang pour éviter des caillots tout en réduisant les saignements.

En comparaison au Coumadin, ces médicaments n’ont aucune interaction alimentaire et très peu d’interactions médicamenteuses. Les doses sont fixes (ajustables selon l’âge et la fonction rénale) et n’ont pas besoin d’être constamment ajustées. Ces agents sont maintenant considérés meilleurs que le Coumadin. Il s’agit d’un traitement avec plus de protection et une meilleure sécurité chez les patients ayant une fibrillation auriculaire non liée à un problème valvulaire.  

Ces nouveaux médicaments pour « éclaircir » le sang ont simplifié la vie de nombreux patients.

Plusieurs avancements récents en cardiologie

Les vingt dernières années ont été productives en cardiologie en ce qui a trait aux différentes formes de traitements. Tous les participants aux diverses recherches en cardiologie ont contribué à ce que cette science évolue grandement, pour le bien de tous. Les patients aux prises avec des maladies cardiovasculaires vivent maintenant mieux et plus longtemps.

Aidez-nous à vous aider…