
Échapper à la mort subite... L'importance de la réanimation
Les faits relatés ici sont véridiques. L’auteur, M. Frenette, partage son histoire dans le but de souligner l’importance de connaître les manœuvres de réanimation cardiorespiratoire ou RCR.
Une journée qui semblait en être une comme toutes les autres et pourtant, cette journée-là, il avait rendez-vous avec les prouesses de ses collègues à son lieu de travail.
Le jour de l’accident
Le jour de l’accident, vers 14h15, j’ai quitté mon bureau et suis allé m'asseoir avec une collègue.
Tout à coup, je me suis penché en avant, pris d’un violent mal de tête. Un cri de douleur, puis le noir total. Ma collègue a d'abord cru à une blague, mais elle a compris rapidement après le sérieux de la situation et s'est précipitée hors du bureau en criant.
Une réaction rapide de l’entourage
En moins de 10 secondes, la chef de la sécurité et la préventionniste étaient à mes côtés. Toutes deux formées en premiers soins, elles ont rapidement pris le contrôle de la situation. J’étais confus, me prenant la tête à deux mains. J’ai perdu connaissance.
Elles ont lancé un appel d’urgence sur les ondes de la sécurité.
Ma respiration s’est arrêtée et mon cœur a cessé de battre.
En seriez-vous capable?
La rupture d’un anévrisme au cerveau venait de provoquer une grosse hémorragie; la pression dans le crâne était si forte qu’elle bloquait les signaux vers le cœur et les poumons.
Mes collègues ont alors entrepris les manœuvres de réanimation. Je n’ai jamais manqué d’oxygène grâce à leur savoir-faire et tout autant au fait qu’elles ont su maîtriser leurs émotions.
À l’arrivée du reste de l’équipe (10 personnes), les manœuvres se sont poursuivies.
Guidés par le défibrillateur
L’appareil de défibrillation indiquait une seule commande : « Massez ». Les seules choses à faire : masser et ventiler.
Mes collègues m’ont « pompé » ainsi en se relayant pendant 6 minutes, une éternité pour qui a déjà pratiqué ce type de manœuvre, épuisante à tous les points de vue.
Une lueur d’espoir
Un faible pouls est alors réapparu, mais pas la respiration. Bref espoir, car un nouvel arrêt cardiaque a provoqué la reprise des manœuvres : 5 autres minutes d’angoisse pour les personnes sur place. Mais pas pour moi, je n’étais plus là.
La vie reprend
À force de persévérance, la vie est tout à coup « réapparue » dans mes yeux, selon l’expression même de l'un de mes sauveteurs, mon cœur s'est remis à battre.
Transporté à l’hôpital, j’ai laissé derrière moi des gens sous le choc, mais heureux du résultat de leurs efforts.
Opéré avec succès
J'ai été opéré au cerveau à plusieurs reprises. Si aujourd'hui je n'ai aucune séquelle, c'est dû, selon les dires de mon chirurgien, en grande partie au fait que je n'ai pas « manqué d'air » durant la période critique où mon cœur s'était arrêté.
Des gens qui savaient quoi faire
Le lendemain de l'incident, un technicien de la société qui fabrique les défibrillateurs est venu donner des renseignements détaillés sur l'appareil à mes sauveteurs. Il leur a dit que les données de l'appareil indiquaient qu'ils avaient fait un travail parfait, sans faille. Selon lui, la qualité de leur formation en était la raison principale.
Infiniment reconnaissant
Je suis évidemment reconnaissant envers toutes les personnes qui m'ont porté assistance. Je rends hommage à mon employeur qui a investi beaucoup dans la formation en premiers soins du plus grand nombre d'employés possible. Si je peux souper tous les soirs avec ma famille, c'est grâce à eux!
Nous pouvons tous sauver des vies
Je ne saurais trop insister sur l'importance de disposer d'un équipement de secours médical adéquat (défibrillateur), tant sur le lieu de travail que dans les endroits publics, et d'avoir sur place des gens dûment formés pour son utilisation et donc aptes à faire face à toute situation d'urgence.
Et le tunnel lui?
Finalement, on me demande souvent : « As-tu vu le grand tunnel? ».
La réponse est : « Non, mes sauveteurs en bloquaient l’entrée! ».
Un point de vue médical
Le récit de M. Frenette remet en perspective l’importance de disposer d'un équipement d'intervention médicale d'urgence sur un lieu de travail et dans les endroits publics.
Voyons maintenant le point de vue du Dr Paul Poirier, cardiologue, dans un centre universitaire de la ville de Québec, dans la province du même nom, au Canada. Le Dr Poirier est l’instigateur d’une campagne visant à munir les écoles secondaires publiques du Québec de défibrillateurs externes automatiques (DEA).
Pourquoi c’est important
En excluant les hôpitaux, 8 sur 10 arrêts cardiaques surviennent à domicile ou dans des lieux publics.
La réanimation cardiorespiratoire (RCR) précoce, accompagnée de la défibrillation (choc électrique au cœur), augmentent jusqu’à 75 % la chance de survie de la victime d'un arrêt cardiaque.
Le défibrillateur externe automatique (DEA) est l’appareil qui induit ce choc électrique au cœur du patient; celui-ci est maintenant disponible dans plusieurs endroits publics.
Double fonction
Cet appareil a une fonction d'assistance à la RCR en plus de délivrer un choc électrique en cas d'arythmie mortelle. C'est cette fonction no 1 du défibrillateur qui a guidé les collègues de M. Frenette dans leurs manœuvres de réanimation.
Lire: Comment utiliser un défibrillateur externe automatisé
Principales causes de décès
L’arrêt cardiaque est l'une des principales causes de décès au Canada.
L’intervention à l’aide d’un choc électrique précoce
La défibrillation rapide par choc électrique, visant à rétablir un rythme cardiaque normal chez un patient atteint d’une arythmie mortelle, constitue l’intervention la plus apte à augmenter le taux de survie en cas d’arrêt cardiaque.
Cette défibrillation rapide est une façon simple, sans danger et efficace de sauver des vies au travail et ailleurs.
Les chances de survie diminuent rapidement à chaque minute
Les chances qu’une personne survive à un arrêt cardiaque, accompagné d’une arythmie mortelle du type fibrillation ventriculaire, diminuent de 7 % à 10 % à chaque minute qui s’écoule jusqu’à la défibrillation.
Donc, en faisant un calcul rapide, 10 minutes d’arrêt cardiaque sans intervention affaiblissent grandement la possibilité d'y survivre.
En favorisant un accès immédiat à un défibrillateur, les chances de survie pourraient augmenter de 30 % à 50 %, comparativement au recours à la RCR seule.
Les choses à savoir sur la réanimation au Canada
Au Canada, un programme de réanimation cardio-respiratoire est déjà intégré à l'ensemble des matières obligatoires au niveau des études secondaires dans les provinces de l’Alberta, du Manitoba, de l’Ontario et de l’Île-du-Prince-Édouard.
Le programme se retrouve également dans des écoles de la Colombie-Britannique, de la Nouvelle-Écosse, du Nunavut, de la Saskatchewan et du Québec.
Près de 3 millions de jeunes formés
Jusqu’à maintenant, près de 2 900 000 jeunes ont été formés dans plus de 1 700 écoles à travers le Canada.
Ce programme est également obligatoire dans 34 états des États-Unis ainsi que dans un nombre croissant d’autres pays.
Dans la province de Québec
En novembre 2017, le ministère de l'Éducation du Québec a annoncé que la formation en RCR est obligatoire pour tous les élèves du secondaire 3, soit l’équivalent de la 9e année dans les écoles publiques.
Au moment où ces lignes sont écrites, janvier 2019, il manque 40 défibrillateurs pour équiper toutes les écoles secondaires publiques du Québec.
Les médecins généralistes et les médecins+ spécialistes du Québec sont mis à contribution pour finaliser ce dossier; nous sommes très près du but.
Le public est invité à contribuer à cette initiative; il suffit d'en parler à son médecin ou de communiquer directement avec le Dr Paul Poirier à l’adresse suivante : paul.poirier@criucpq.ulaval.ca .
Les bienfaits d’une formation obligatoire
Les bienfaits d'un tel programme obligatoire vont au-delà de la capacité d'intervention rapide en cas d'urgence et se manifestent à plusieurs niveaux.
La formation en RCR/DEA :
- Prédispose les personnes à réagir rapidement lors d’une urgence;
- Augmente considérablement le nombre de citoyens-témoins dans la communauté qui peuvent offrir la RCR et se servir d’un défibrillateur externe automatique (DEA), transformant ainsi le milieu en un endroit plus sécuritaire;
- Rejoint tous les jeunes étudiants du Canada, les milieux ruraux et éloignés;
- Crée un moment propice à l’éducation en lien avec la santé cardiovasculaire;
- Offre une attestation en formation de RCR et en DEA, laquelle peut parfois s'avérer utile lors d’une demande d’emploi;
- Fait la promotion du leadership et des responsabilités civiques;
- Fait la promotion de carrières en sciences de la santé;
- Peut parfois réduire les coûts des soins de santé lorsqu’une personne formée en RCR/DEA intervient rapidement auprès de victimes d'un arrêt cardiaque, d’un AVC ou autres situations d’urgence.
Une rapidité d’action ayant un impact important
Les gens formés en RCR/DEA savent reconnaître une situation d’urgence médicale et comment aider en appelant le 9-1-1 rapidement, réduisant ainsi le délai avant l'arrivée des secours. Les manœuvres de réanimation sont dès lors débutées.
Les parents, les grands-parents, les collègues et les gens en général qui subiront un arrêt cardiaque ou un AVC bénéficieront de soins immédiatement, leur vie sera sauvée et la qualité de celle-ci sera préservée.
Ainsi, un traitement rapide et l’utilisation du DEA peuvent réduire les coûts rattachés à ce genre de situation, soit en écourtant la durée de l'hospitalisation et du rétablissement tout en sauvant des vies.
Beaucoup reste à faire
Il y a beaucoup de travail à faire pour rendre nos écoles, notre milieu de travail et les endroits publics plus sécuritaires et propices à une intervention rapide en situation urgente.
Chacun de nous peut aider la cause
Chacun peut intervenir dans son domaine en demandant que soient installés des équipements de RCR/DEA dans son milieu de vie, que ce soit au travail, dans un centre commercial ou au gymnase, par exemple.