
Épisode 12-LA NAISSANCE DU CATHÉTÉRISME CARDIAQUE
Le cathétérisme cardiaque est un examen qui est demandé par le médecin pour vérifier le travail cardiaque et mesurer les différentes pressions dans le cœur et les poumons. Une courte hospitalisation est à prévoir pour cet examen.
Son utilité est particulièrement importante dans l’évaluation des valves cardiaques malades des répercussions sur le cœur.
L'examen permet également de mettre en évidence certaines anomalies congénitales comme une communication interventriculaire, par exemple.
Le cathétérisme cardiaque est un examen fréquemment utilisé aujourd’hui avant une chirurgie cardiaque en complémentarité avec un échocardiogramme.
Voyons l’impact de sa découverte et la mise sur pied des laboratoires de cathétérisme cardiaque.
Les débuts de la chirurgie cardiaque
Au tout début de la chirurgie cardiaque, la plus désastreuse des complications, pendant et tout de suite après la chirurgie, est la conséquence d’un mauvais diagnostic préopératoire.
Outils diagnostiques limités
Il faut savoir que les médecins en étaient tenus à un simple examen physique, au stéthoscope à leurs oreilles, ainsi que l’électrocardiogramme et la radiographie des poumons.
Répercussions tragiques possibles
Une fois la chirurgie débutée, il n’était pas rare de constater une maladie beaucoup plus complexe qu’attendue au préalable avec des répercussions tragiques par la suite.
Difficile pour un médecin de rencontrer une famille pour dire que l’enfant n’a pas survécu à la chirurgie en raison d’un mauvais diagnostic.
Une histoire invraisemblable
Le besoin était criant.
Avant l'intervention, les chirurgiens en cardiologie avaient besoin d’images des chambres cardiaques, des valves et de connaitre comment circulait le sang dans le cœur. Cela a donc stimulé la radiologie à développer le cathétérisme cardiaque.
L’origine du cathétérisme cardiaque est possiblement l’histoire la plus invraisemblable de toute la cardiologie, sinon de toute la médecine.
Jeune médecin obsédé par une idée
L’histoire débute pendant la Seconde Guerre mondiale, dans un petit hôpital allemand. En 1929, un jeune médecin résident de 24 ans, jusqu’alors inconnu, est obsédé par une idée.
Dr Werner Forssman est convaincu qu’un médicament livré directement au cœur a une meilleure efficacité que si celui-ci est administré dans une veine du bras.
Un chef qui s’oppose à l’expérimentation
Il croit donc qu’un tube pourrait être introduit dans une veine du bras pour être hissé jusqu’au cœur, soit l’oreillette droite.
Le Dr Peter Schneider, le chef médical, s’oppose à l’expérimentation de cette idée. Il s’oppose même à l’idée lancée par son jeune étudiant de faire l’expérience sur lui-même.
Une infirmière devient complice
Deux semaines plus tard, avec l’aide d’une infirmière qu’il aura lentement convaincue du bien-fondé de son idée, il va de l’avant avec son expérimentation.
L’infirmière, Gerda Ditzen, lui procure les éléments essentiels à son expérimentation. Elle lui fournit un scalpel, un anesthésiant local et un cathéter urinaire plus mieux connu sous le nom de « sonde urinaire ».
Il s’introduit lui-même une sonde urinaire dans une veine
Il se retrouve dans une chambre vide. Dr Forssman attache son infirmière sur un lit pour être certain qu’elle ne lui fera pas faux bond par la suite. Il réussit à introduire dans une veine de son bras cette « sonde urinaire » le plus loin qu’il peut.
Puis, rien ne se passe. Aucune arythmie, pas de défibrillation ventriculaire, pas de perte de conscience, rien!
Une radiographie des poumons est faite pour prouver le tout.
Une réaction mitigée du chef
Devant le fait accompli, le Dr Schneider ne sait pas quelle attitude adopter. Son résident a désobéi, mais rien de grave n’est survenu. Peut-être même s’agit-il d’une découverte?
Une réception plutôt froide
Dr Forssman publie son résultat dans un journal médical allemand, en 1929. Les suites lui sont décevantes. On s’intéresse peu à sa découverte. Au contraire, on mentionne que cela n’est d’aucune valeur et qu’en plus cette technique possède un énorme risque potentiel.
La cardiologie allemande ferme la porte définitivement sur cette idée.
Dr Forssman délaissera la cardiologie pour devenir urologue.
L’idée reprise et bonifiée
Au plus fort de la Seconde Guerre mondiale, les Drs André Cournand et Dickson Richards reprennent l’idée du Dr Forssman. Ils l'ajustent au concept de la mesure des pressions des différentes chambres cardiaques de leur coloration à l’aide des rayons-X, de même que la mesure du débit cardiaque, c’est-à-dire l’efficacité du cœur à pomper le sang.
La naissance du cathétérisme
Ces mesures aident aux traitements des soldats gravement blessés. La guerre a transformé une idée primitive du Dr Forssman en outil pratique de traitement. C’est la naissance du cathétérisme cardiaque.
Examen attendu
Avec la naissance de la chirurgie cardiaque qui a suivi la 2e guerre mondiale, (la Seconde Guerre mondiale,) les diagnostics préopératoires sont devenus une peste. Trop de décès y sont reliés. Plusieurs salles de cathétérisme font leur apparition.
Aujourd’hui, on appelle l’endroit où sont pratiqués ces examens :le laboratoire d’hémodynamie.
Prix Nobel
En 1956, Dr Werner Forssman partageait le prix Nobel de médecine avec les Drs Cournand et Richards.
Toute une évolution
Huit ans après la première réparation de la valve mitrale par le Dr Charles Bayley, le monde médical avait complètement changé d'opinion quant à l'événement décrit par un jeune médecin. Celui-là avait défié l'autorité, amadoué une infirmière pour qu'elle lui fournisse les éléments qu'il lui était impossible d'obtenir et ligoté cette même infirmière pendant qu'il expérimentait son idée sur lui-même.
De zéro à héros
Non reconnu par ces pairs de l’époque, le Dr Forssman obtient la mention de « contribution monumentale à la science » à la remise de son prix Nobel.
À partir des complications chirurgicales
La naissance de la chirurgie cardiaque et son développement ont mis en évidence des complications catastrophiques telles :
- Le bloc de conduction cardiaque
- La fibrillation ventriculaire
- Le mauvais diagnostic préopératoire.
Des solutions sont trouvées
Ces complications mortelles ont mené vers :
- L’invention du pacemaker ou stimulateur cardiaque
- Les défibrillateurs
- Le développement des laboratoires de cathétérisme
Pour la première fois, on peut voir et comprendre les malformations cardiaques chez un patient vivant et l’Impact de la chirurgie cardiaque sur la fonction cardiaque.
Il reste encore du travail à faire
On ne peut toujours pas voir la maladie qui cause le plus de décès cardiaques, la maladie des artères du cœur. Le problème demande à être adressé.