
LE CANNABIS (POT)
À moins de vivre sur une autre planète, tout le monde sait maintenant que le cannabis sous forme d’inhalation est légale au Canada.
Mais, attention, tout ce qui est légal n’est pas nécessairement sécuritaire et banal.
Utilisé depuis des millénaires
Le cannabis est utilisé depuis des siècles, sinon des millénaires, d’abord de façon médicinale puis s’est additionnée la façon récréative. De nos jours, c’est la drogue illicite la plus populaire à travers le monde.
Son évolution au Canada
Au Canada, son interdiction au début du 20e siècle a mené à l’abandon du cannabis à des fins médicinales. Cet intérêt est ravivé au début des années 80 en raison des développements scientifiques, entre autres pour soulager la douleur chronique.
En 2014, les libéraux fédéraux en campagne électorale promettaient la légalisation du cannabis à des fins récréatives.
Le Canada est devenu, depuis le 17 octobre 2018, le plus grand pays où le cannabis est légal et le deuxième pays au monde après l’Uruguay.
Voyons un peu d’où viennent les effets du cannabis
Saviez-vous que notre corps produit des endocannabinoïdes, lesquels sont des substances similaires au cannabis?
Puisque nous produisons ces substances, nos organes possèdent des récepteurs à certaines composantes du cannabis. Ces récepteurs sont comme des clés permettant au cannabis d’avoir des effets sur plusieurs de nos organes.
Le yin et le yang du cannabis
Il est intéressant de savoir que 2 des nombreuses composantes du cannabis agissent comme le yin et le yang.
Les composantes les plus actives du cannabis sont le tétrahydrocannabinol ou THC et le cannabidiol ou CBD.
Le tétrahydrocannabinol ou THC
Le THC altère plusieurs processus mentaux tels que les émotions, la mémoire, l’appétit et la perception du toucher.
Ces effets psychoactifs sont responsables de troubles de la concentration, causent de l’euphorie, de l’anxiété, une tachycardie légère et même une condition de psychose.
Le cannabidiol ou CBD
De l’autre côté, le cannabidiol (CBD) agit contre l’anxiété, a des effets antipsychotiques et amène une bradycardie légère.
On lui confère également des propriétés anti-inflammatoires et antidouleur.
Différentes variétés, différentes concentrations
Les différentes variétés du cannabis amènent des concentrations différentes du THC et du CBD. L’effet sur le consommateur dépend de l’effet net entre ces deux substances actives et de la sensibilité de l’utilisateur à celles-ci.
L’effet du cannabis fumé
Le cannabis fumé présente un effet beaucoup plus rapide que la forme absorbée par le tube digestif.
On parle ici de quelques minutes pour la forme inhalée par rapport à près de 2 heures pour la forme ingérée.
On décrit 4 étapes suite à la consommation :
- Le « BUZZ » : étourdissements et vertiges
- Le « HIGH » : euphorie, désinhibition, rire accru
- L’état « STONE » : calme, détendu
- Le « COME DOWN » : le retour à la normale
Le corps évacue le cannabis ainsi, le tiers par les reins et les deux tiers dans les selles. La demi-vie du produit, c’est-à-dire le temps requis pour éliminer le produit est de 20 à 30 heures. Chacune des étapes varie en durée d’un utilisateur à l’autre.
L’effet de la fumée du cannabis sur le système cardiovasculaire
Personne n’est jamais décédé d’une overdose de cannabis en soi.
Les effets du cannabis inhalé sur la santé cardiovasculaire pourraient être divisés en 2 parties.
La première est liée à la combustion du cannabis. Les effets sont similaires aux effets néfastes de fumer du tabac. Rappelons que la nicotine nous fait fumer et c’est la fumée qui tue; il en est de même pour le cannabis. Contrairement à la nicotine qui n’a aucun impact direct sur la santé cardiovasculaire, le cannabis, lui, présente des effets sur celle-ci.
La fumée du cannabis contient 3 fois plus de goudron et 5 fois plus de monoxyde de carbone que celle du tabac. Tous les éléments cancérigènes des produits de la combustion du tabac se retrouvent également dans la fumée du cannabis. Ils s’y retrouvent en plus grande concentration dans les poumons, étant donné que la cigarette de cannabis ou joint n'est pas muni d'un filtre.
De surcroît, les consommateurs accentuent ces concentrations en retenant, pendant plusieurs seconde, la bouffée de fumée de cannabis qu'ils ont aspirée.
Ceci est sans compter que le cannabis a une température de combustion plus élevée que le tabac, amenant un élément additionnel de brûlure à la bouche et à la gorge.
L’effet plus lent du cannabis ingéré
Pour ceux qui croient éviter les effets néfastes de l’inhalation, l’ingestion de cannabis sous différentes formes comporte les risques inhérents au cannabis sur la santé cardiovasculaire, quelle que soit la forme comestible choisie.
L’absorption du cannabis par l’intestin est plus lente que celle liée à l'inhalation.
L’effet passe d’une quinzaine de minutes pour l’inhalation à 1 à 2 heures pour l’ingestion.
Le consommateur impatient de ressentir les effets pourrait surconsommer et se retrouver aux prises avec un surdosage.
L’effet du cannabis en soi sur le système cardiovasculaire
En ce qui concerne le système cardiovasculaire, l’un des effets du THC les mieux documentés est l’augmentation du travail cardiaque. Ce dernier est mesuré par la tension artérielle systolique et la fréquence cardiaque.
Augmentation du travail cardiaque
Le THC hausse la tension artérielle de 5 à 10mmHg, en moyenne, et la fréquence cardiaque de près de 15 battements par minute.
L’impact sur les événements cardiovasculaires
Une étude a démontré que les effets sur le travail du cœur augmentent les événements cardiaques de près de 5 fois ceux des personnes qui ne consomment pas. On parle ici de plus d'infarctus dans l'heure suivant l'inhalation de la fumée du cannabis.
À titre de comparaison, une forte colère augmente le travail du cœur, triplant ainsi les événements cardiaques éventuels dits normaux.
D'autre part, la consommation de cocaïne multiplie par 25 les événements cardiaques, à la suite de la forte augmentation du travail du cœur qu'elle provoque.
Certains auteurs évaluent le risque annuel additionnel d’un fumeur quotidien de cannabis à 1,5%. Ce risque est plutôt faible, mais il s'ajoute aux risques latents chez toute personne. C’est jeter un peu d’huile sur le feu.
Consommer avec des antécédents d’événements cardiovasculaires
Dans le cas d'un consommateur de cannabis qui a déjà été victime d’un événement cardiaque du genre angine instable ou d’un infarctus, le risque de décès annuel est 2 fois plus élevé.
Une étude médicale établit le taux du risque de mortalité chez ces individus selon leurs habitudes de consommation.
Une consommation de cannabis de moins d’une fois semaine augmente le risque de mortalité annuel de 2,5% au cours des 4 ans suivant le début de l’étude. Ce risque passe à 4% chez les consommateurs de plus d’une fois semaine.
Il paraît donc évident que les individus ayant des antécédents cardiaques ou des facteurs prédisposant à la maladie des artères du cœur ont un risque d’événements cardiovasculaires plus élevé et devraient s’abstenir ou modérer leur consommation de cannabis.
De plus, le risque d'un accident vasculo cérébral (AVC) est doublé.
Légal ne signifie aucunement sécuritaire et banal
En terminant, la prudence est de mise. La légalisation du cannabis ne signifie pas qu’il est sécuritaire et banal.
La concentration du THC augmente avec les années

La teneur en THC a quadruplé au cours des dernières années, passant de 3% dans les années 80 à 12% en 2012. Cette concentration est fort possiblement plus élevée actuellement.
Le déséquilibre avec son antidote, le CBD, résulte en des effets pharmacologiques plus importants du THC.
Interférence possible avec les médicaments
De plus, le cannabis peut nuire à l'efficacité des médicaments prescrits par le médecin en augmentant ou en diminuant les effets attendus de ceux-ci.
Dossier à suivre
D’autres études viendront sûrement avec cette légalisation de la forme inhalée de la fumée du cannabis.